C'est en Janvier 2002 qu'une jeune orque femelle de 2 ans est trouvée évoluant seule au Sud de l'île de Vancouver, exhibant un comportement inhabituel puisque recherchant souvent le contact avec des bateaux de passage.
Grâce à un dialecte qu'elle "parle" déjà très bien, Helena Symonds et Paul Spong de Orcalab, découvrent qu'elle appartient à un groupe d'orques "sédentaires" du Nord de l'île de Vancouver. Il se trouve que A73 ou Springer vient de perdre sa mère A45 et a quitté son groupe matriarcal, les A24s, pour des raisons difficilement explicables si l'on se base sur les liens solides qui lient les membres d'une famille. Il est envisageable que les tantes de Springer étaient encore trop jeunes pour s'en occuper.
Springer était capable de s'alimenter seule et des tests vétérinaires révelèrent une bonne santée mais ses chances de survie sans son groupe d'attache étaient très minces. L'histoire prit de l'ampleur dès lors que les médias s'y intéressèrent. Ils n'étaient pas les seuls puisque plusieurs aquariums de la côte Ouest voyaient déjà la petite orque dans leur bassin. Mais la communauté scientifique menée par J. Ford, P. Spong et H.Symonds entre autres, et supportée par l'opinion générale avait un autre projet: tenter de ramener l'orque au Nord avec les siens.
Le gouvernement canadien accepta finalement de mettre en oeuvre les moyens necessaires à une telle opération.
Le 13 juillet 2002 Springer arriva dans le détroit de Jonhstone par bateau et fut introduite dans un enclos fait de filets flottant placé dans une baie de Blackney Pass, à proximité du détroit. L'endroit choisi était stratégique, la partie Ouest du détroit de Johnstone est très fréquenté par les A4s, son pod d'origine, pendant l'été.
La nuit du 13 au 14 fut extrêmement intense. Les A12s (pod A1) et les A35s (pod A4) empruntèrent Blackney Pass et passèrent à proximité de l'enclos de Springer. C'est alors que la jeune orque se mit à vocaliser de façon très énergétique , enchaînant les cris stereotypée de son pod avec exitation. Les A12s et les A35s lui répondirent un moment, se turent subitement comme pour l'écouter, mais continuèrent leur route. Mais c'est le lendemain que le plus improbable se produisit. Les mêmes groupes revinrent cette fois plus proche de l'enclos, ils commencèrent à flotter, comme s'ils attendaient quelque chose, mais tous étaient silencieux, même springer, bienque surexitée dans son enclos répétant les spyhopping. C'est alors que A33, le grand mâle des A12s se mit à nager vers la baie, il était dans des eaux pas plus profondes que 2m, la tension monta d'un cran chez les personnes présentes sur le bord et sur les bateaux. La situation étaient invraisemblable, ce grand mâle de 9m là, bientôt rejoint par les autres orques, quasiment au bord, à attendre. Le moment semblait parfait pour libérer Springer. John Ford aurait voulu que les orques échangent quelques sons avant mais non, le silence était étrangement de mise. Tout le monde retint son souffle et l'ordre était donné d'ouvrir le filet. A73 sortit rapidement, attrapa 2 saumons sur les dizaines que les Premières Nations avaient capturé vivants pour elle et rejoint les A12s et A35s qui quittèrent la baie. Springer était très exitée, toutes les orques s'éloignèrent.
Les jours qui suivirent furent tout aussi intenses. Springer fut aperçue avec différents groupes, les A12s, les 3 mâles A36s, A51/A61 mais aussi seule à plusieurs reprises ce qui sema le doute quant à la réussite de l'opération. Quand elle était seule, A73 recommençait à rechercher un contact auprès de bois flottants ou de bateaux. Mais le 26 Août 2004, Greame Ellis, le plus grand spécialiste en photo iD, confirma que Springer voyageait définitivement avec les A11s, du pod A4. A11 est la soeur probable de A24, la "grand mère" de Springer et le groupe est aussi composé d'un grand mâle A13 et d'une autre femelle A56. Cette nouvelle fut un immense soulagement, le projet avait réussi, Springer avait rejoint les siens et vivaient pleinement la vie d'une orque sauvage.
Aujourd'hui, 4ans plus tard, Springer voyage toujours avec les A11s, et c'est avec les larmes aux yeux qu'on la revoit chaque année, évoluer, grandir dans ces fjords de Colombie britannique qui l'ont vu naître, en compagnie de ceux qui la guident et la protègent.
L'histoire de Springer démontre qu'il est absolument possible de réhabiliter une orque qui connaît son langage d'origine. Et il y a plusieurs orques captives qui connaissent le langage de leur pod d'origine..
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